Pendant longtemps, la dépression a été perçue comme un trouble purement psychologique. Pourtant, les recherches récentes révèlent une réalité bien plus complexe. Une étude menée par des chercheurs du King’s College London, publiée par la British Psychological Society, met en lumière un lien inattendu entre la dépression et le système immunitaire. Et ce lien pourrait bien changer notre manière de diagnostiquer et traiter cette maladie.

Une vision dépassée de l’inflammation dans la dépression

Jusqu’à présent, les scientifiques associaient la dépression à une inflammation légère, souvent mesurée par un biomarqueur appelé protéine C-réactive (CRP). Un taux élevé de CRP dans le sang était considéré comme un signe d’inflammation, et donc potentiellement lié à des symptômes dépressifs. Cependant, cette approche semble aujourd’hui trop réductrice.

L’étude du King’s College London a analysé l’expression de 16 gènes liés à l’immunité chez des patients souffrant de dépression majeure (MDD). Résultat : 9 de ces gènes étaient exprimés différemment, même chez les patients dont le taux de CRP était normal. Cela signifie que des changements immunitaires peuvent survenir même en l’absence d’inflammation détectable par les méthodes classiques.

Une signature immunitaire plus large

Ce que cette étude révèle, c’est que la dépression pourrait être associée à une signature immunitaire plus complexe que ce que l’on pensait. Les chercheurs ont observé une activation accrue de gènes pro-inflammatoires et liés aux glucocorticoïdes, des hormones du stress, chez les personnes dépressives. Cela suggère que le système immunitaire est impliqué dans la dépression de manière plus subtile et plus étendue.

Autrement dit, même si les marqueurs classiques comme la CRP ne sont pas élevés, cela ne signifie pas que le système immunitaire est au repos. Il pourrait y avoir des déséquilibres plus profonds, invisibles aux tests standards, mais bien réels dans leur impact sur le cerveau et l’humeur.

Vers une médecine plus personnalisée

Ces découvertes ouvrent la voie à une approche plus personnalisée du traitement de la dépression. Plutôt que de se baser uniquement sur les symptômes psychologiques ou les marqueurs inflammatoires classiques, les médecins pourraient bientôt utiliser des profils immunitaires génétiques pour affiner leurs diagnostics.

Cela pourrait également expliquer pourquoi certains patients ne répondent pas aux antidépresseurs traditionnels. Si leur dépression est liée à une dysrégulation immunitaire, alors des traitements ciblant le système immunitaire – comme les anti-inflammatoires ou les modulateurs immunitaires – pourraient s’avérer plus efficaces.

Une meilleure compréhension pour une meilleure prise en charge

Cette étude souligne l’importance de considérer la dépression comme une maladie systémique, qui ne se limite pas au cerveau. Elle met en lumière l’interconnexion entre le mental et le corps, et l’importance de ne pas négliger les facteurs biologiques dans les troubles psychiques.

En parallèle, ces résultats pourraient aussi contribuer à réduire la stigmatisation autour de la dépression. En montrant qu’il s’agit d’un trouble aux racines biologiques complexes, on s’éloigne de l’idée erronée selon laquelle il suffirait de « penser positivement » pour aller mieux.

Conclusion : un tournant dans la recherche sur la dépression

La recherche sur la dépression entre dans une nouvelle ère. Grâce à des études comme celle du King’s College London, nous comprenons mieux les mécanismes biologiques sous-jacents à cette maladie. Cela ouvre la porte à des traitements plus ciblés, plus efficaces et mieux adaptés à chaque patient.

Il reste encore beaucoup à découvrir, mais une chose est sûre : la dépression n’est pas qu’une question d’humeur. C’est un déséquilibre complexe, où le système immunitaire joue un rôle bien plus important qu’on ne l’imaginait.

 

Immune changes in depression may be broader than we thought | BPS